Comment adapter son écriture à son cerveau
# 66 - ... ou comment trouver son propre Rythme Créatif
Hello 👋🏼
Bienvenue dans ce numéro 66 de tchik tchak !
Pour rappel, tchik tchak c’est la newsletter sur l’écriture avec des solutions & des idées. Elle s’adresse à tous ceux qui sont curieux et qui veulent écrire, professionnellement ou non, que ce soit des histoires ou des scénarios.
En un coup d’oeil :
Découvrir son propre rythme cérébral de concentration & fatigue
Découvrir son rythme naturel de production
La boîte à inspirations et recommandations
Dans le tout premier numéro de tchik tchak, la jeune Pauline s’est prêtée au marronnier de toute personne souhaitant écrire sur l’écriture :
Je mentionnais évidemment l’importance de se créer une routine d’écriture, en rajoutant ce conseil bis :
L’idée ici est de trouver votre régularité à vous. Elle n’a pas forcément à être quotidienne, elle peut être un jour sur deux, une fois par semaine, etc. Pas de pression si écrire tous les jours ne vous sied pas, l’essentiel c’est d’être régulier !
Aujourd’hui nous allons revenir là-dessus. J’aimerais apporter une nuance au mot “régulier”.
Je suis tombée sur ce schéma que je trouve très juste :
Quand on lit les routines des auteur·ices prolifiques, on tombe souvent sur ce conseil : "Pour être un·e bon·ne écrivain·e, il faut écrire tous les jours."
Mais ce genre de conseil oublie une chose essentielle : on n’a pas tous le même cerveau. Notre productivité, notre créativité, nos pics d’énergie — tout ça varie selon notre biologie, notre psychologie et notre environnement.
Chaque cerveau a un rythme de productivité et de créativité différent.
Essayer d’écrire contre son propre rythme, c’est comme forcer un gaucher à écrire de la main droite.
Et comme notre cerveau, c’est un peu notre gros biscotto, autant apprendre à bosser avec lui plutôt que contre lui.
Ce numéro va t’aider à identifier ton propre rythme d’écriture — celui qui te permet de créer sans t’épuiser — et à en faire un allié.
Identifier son propre rythme cérébral
Pour trouver son propre rythme cérébral, nous allons nous intéresser au chronotype.
Le chronotype c’est notre horloge perso, celle qui détermine quand on est naturellement en forme, concentré ou au ralenti. Il influence nos pics d’énergie et de créativité sans nous demander notre avis.
Bel outil à connaître pour arrêter de lutter contre son propre rythme me direz-vous.
Ce qui est encore plus ludique avec cet outil c’est qu’il est de toute évidence le fruit d’un atelier d’une classe de maternelles1 ; voici les 4 grands chronotypes :
🦁 Lion
Tu carbures le matin avec un cerveau à 100 km/h dès l’ouverture des paupières, donc tu es très efficace en début de journée. Tu peux écrire un acte 1 avant que le monde ait fini son café. Par contre dans l’après-midi ton énergie descend en flèche et le soir tu ne sers plus à rien.
Conseil : la clé, c’est de protéger tes matins comme une ressource précieuse. Ecris, réfléchis et conceptualise en début de journée, puis ne culpabilise pas si ton après-midi est réservée à des tâches plus mécaniques ou du repos.
🐻 Ours
Tu suis le rythme du soleil, avec une énergie plutôt bien répartie dans la journée. Tu avances de manière stable, à ton rythme, sans faire de bruit… mais en construisant sur la durée. Ton pic de concentration ? En fin de matinée/début d’après-midi.
Conseil : ta force, c’est la régularité durable. Tu as juste besoin d’un cadre stable et souple à la fois, pour tenir sur la longueur. Organise ta journée autour de ton pic de concentration en fin de matinée/début d’après-midi, en gardant des pauses pour tenir le rythme.
🐺 Loup
Ton cerveau se réveille quand les autres commencent à piquer du nez. Tu es créatif·ve en soirée, souvent couche-tard — t’aurais pu être une chauve-souris, mais la team maternelle a préféré le loup. Ta force, c’est la créativité nocturne sans filtre.
Conseil : réorganise ton emploi du temps autour de ta zone magique, même si elle commence à 22h, et évite de te forcer à être productif·ve le matin (de toute manière tu ne le pourras pas).
🐬 Dauphin
Ton énergie est aussi imprévisible qu’un dauphin, et ta créativité est en dents (de la mer) de scie. Tu dors mal et tu cogites beaucoup. T’as l’impression d’être à contretemps du monde, de ne jamais tenir un rythme "normal". Mais en réalité, tu captes des nuances que les autres zappent, tu creuses plus profond, et tu peux créer des choses ultra sensibles, inattendues, précises.
Conseil : la clé, ce n’est pas de te forcer à rentrer dans un moule — c’est de construire une routine sur-mesure, qui laisse la place à ton chaos brillant. Oublie les plannings rigides, teste des plages horaires flexibles, note les fulgurances quand elles arrivent, et écris dans un coin calme sans distractions.
Il semblerait que la répartition dans la population globale soit de 50% 🐻, 20 % 🦁, 15 % 🐺, et 5 % 🐬.
Mais, concernant les métiers créatifs, mon intuition me dit qu’on est plus beaucoup plus de Lions et de Loups, et beaucoup moins d’Ours. Hâte de voir les résultats du sondage.
Comprendre son cycle de concentration et de fatigue
Connaître son animal totem chronotype est une première étape vers la sérénité créative. Mais ça ne suffit pas.
Peu importe son rythme naturel, qu’on soit un animal nocturne ou matinal, notre cerveau ne peut pas être à 100% en permanence.
(Rappel : la journée de 8h est une invention des derniers siècles pour servir le monde industriel et capitaliste. Notre cerveau n’est pas une invention des dernières siècles fait pour servir le monde industriel et capitaliste).
Notre cerveau alterne entre phases de concentration intense et moments où il décroche naturellement. Plutôt que de lutter contre ces variations, l’idée est de les comprendre pour écrire au bon moment et éviter de forcer.
On dit que le cerveau fonctionne en cycles ultradiens :
- environ 90 minutes d’attention de qualité,
- suivies de 15 à 20 minutes de repos naturel — où ton cerveau décroche, recharge, et se prépare pour la suite.
Surfons sur ces vagues : planifions nos sessions créatives lors des pics de concentration et prenons des pauses actives (marche, étirements) après 90 minutes pour recharger son cerveau.
Trouver sa dynamique d’écriture idéale
Tu connais ton chronotype, tu surfes les vagues de ton cerveau comme un pro, maintenant il reste une dernière étape : découvrir ton rythme d’écriture.
Autrement dit : ton rythme naturel de production.
Pour ces catégories on quitte le domaine de la science car elles viennent de mon cerveau, du coup elles sont certainement (très) simplifiées. Elles restent cependant des observations et donc des points de départ pour réfléchir à votre propre rythme d’écriture. Je pense que ces différents rythmes ne sont pas figés : ils peuvent évoluer selon les projets, les saisons, ou les aléas de la vie.
Les conseils “il faut écrire 1000 mots par jour”, “il faut écrire 3 pages tous les matins”, et autres “il faut il faut” n’ont jamais fonctionné sur moi.
On n’écrit pas tous de la même façon, et vouloir copier le rythme de quelqu’un d’autre peut être contre-productif (car source de “pourquoi je n’y arrive pas…..” “je suis foutue…..” “en plus on n’a plus d’assurance chômage en France…..”).
On n’écrit pas tous de la même manière. Copier le rythme de quelqu’un d’autre, c’est souvent se condamner à la frustration.
Donc, l’important, c’est d’identifier sa propre dynamique, son propre rythme de production pour créer sans se frustrer :
Il y a le Sprinter 💥
L’écriture se fait par vagues, avec des sessions ultra-intensives où tu avances d’un coup sur des pages entières… puis plus rien pendant un moment. Tu carbures à l’adrénaline et aux deadlines.
C’est un peu le cercle de stress que je décrivais ici (mais après tout, ça ne montre qu’une chose : que ce n’est pas mon rythme, et si ça marche pour vous et bien je retire ce nom de “cercle de stress” et je le renomme “cercle de performance pour Sprinter”, mea culpa).
Il y a le Marathonien 🏃🏻♀️
Tu avances petit à petit, en gardant une routine stable. L’écriture, c’est comme l’entraînement sportif : un peu tous les jours, au fil de l’eau, vaut mieux qu’un gros sprint irrégulier. Sur toi ça marche vachement bien les “coûte que coûte il faut que j’écrive XX mots par jour”, petits métronomes va.
Il y a le Cérébral 🧠
Tu passes un temps infini à réfléchir, cogiter, structurer et assembler ton histoire dans ta tête… puis, quand tout est prêt, vous écrivez d’un coup en rafale. Tes "temps morts" ne sont pas de la procrastination, mais de la maturation2, un petit mijoté d’idées.
✌🏼
(Je suis un Lion Cérébral)
Je lance mes ateliers d’écriture !
Vous êtes déjà beaucoup à vous être pré-inscrits, merci beaucoup ! 🙏🏻
Pour rappel, chaque atelier est limité à 12 personnes, et les inscriptions ouvriront le 1er avril.
Mais si vous voulez recevoir un mail la veille, et avoir accès aux places avant tout le monde, vous pouvez remplir ce petit formulaire :
👉🏻 Remplir le formulaire de priorité
(Vous pouvez changer d’avis par la suite)
Si vous êtes mécènes de tchik tchak, vous recevrez automatiquement ce mail pour avoir accès aux places avant l’ouverture avec votre code promo de 15%.
Cette semaine dans la boîte à inspirations et recommandations, nous avons :
🗞️ Nouveau cycle pour la Revue de la Cité où je m’intéresse à comment les scénaristes représentent les grandes problématiques sociétales !
Penser son rythme d’écriture, c’est aussi repenser son rapport au temps, à l’énergie, et au corps. Si on se demandait comment la fiction raconte les corps fatigués, les rythmes brisés, et celles et ceux qui prennent soin des autres ? C’est le sujet de ce premier numéro, où je me suis demandée comment la fiction a raconté le “prendre soin” au fil des décennies.
🕰 En ce jour il y a 36 ans, le 29 mars 1989, c’était l’inauguration de la pyramide du Louvre, objet de controverse en raison de son style futuriste, jugé trop moderne pour le musée historique du Louvre. Rare cas où avoir essayer de faire rentrer un triangle dans un carré a fonctionné.
💬 La citation de la semaine :
“Comprendre la beauté, c'est parvenir à faire coïncider son rythme propre avec celui de la nature.” - J.M.G. Le Clézio
Pour aller plus loin
Dans le prochain tchik tchak…
… ce sera l’habituel numéro hors-série qui arrive tous les 10 numéros mais là ce sera après 12 numéros d'affilée.
À la semaine prochaine !
Pauline
Non, en fait les noms d'animaux associés aux chronotypes ont été popularisés par le Dr Michael Breus, un expert en sommeil qui voulait rendre le concept accessible, et ça on aime (même si je ne comprends pas le lien entre certains animaux et leur signification).
Comme me l’a toujours répété ma mère car oui, je suis de cette engeance.
Lion Sprinter, un peu guépard donc hihihi
Je crois que ce rythme, de mon côté, n'est pas naturel mais conditionné par les moments où je peux me consacrer à l'écriture. Je l'ai adopté, intégré pendant ma thèse (+boulot de prof + baby scolarisé).
Les seules très rares périodes pendant lesquelles les contraintes horaires de la vie professionnallo-familale m'ont laissé le champ libre, j'étais une lionne lente à s'y mettre.
Je suis donc un dauphin sprinter ! C'est pas banal ! ^^
J'ai 42 ans (bientôt) et j'essaie toujours d'apprivoiser mon cerveau. Je ne sais pas si j'y parviendrai entièrement un jour, hélas.