7 astuces pour vaincre la page blanche
# 1 - ... ou comme dirait Obélix, "l'écriture vient en écrivant"
Hello 👋🏼
Bienvenue dans ce tout premier numéro de tchik tchak !
Pour rappel, tchik tchak c’est la newsletter sur l’écriture avec des solutions & des idées. Elle s’adresse à tous ceux qui veulent écrire, professionnellement ou non, que ce soit des histoires, des articles ou des scénarios.
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Allez, assez procrastiné, lezgo 👇🏼
En un coup d’oeil :
La vérité sur le Syndrome de la page blanche
Les 7 astuces pour le vaincre
La boîte à inspiration avec une mamie rocket & Cendrillon pas loin de lancer la charentaise
Avez-vous déjà eu peur d’une feuille vide et de l’abîme blanc qui vous juge en riant ?
Eu le sentiment que vous êtes incapable d’écrire un mot, encore moins d’en aligner plusieurs les uns à la suite des autres ?
Félicitations, vous êtes bel et bien un.e auteur.ice, et vous expérimentez le fameux “Syndrome de la page blanche”.
Il ne s’agit pas du moment où on est “coincé” dans notre écriture, où on a un problème précis et où des livres, ressources (ou newsletter), peuvent nous aider à nous “décoincer”. Ici il s’agit du gouffre qui s’ouvre sous nos pieds :
“Qui suis-je si je suis un auteur incapable d’écrire ?”
De son nom scientifique leucosélophobie, ce syndrome est un blocage psychologique insinuant à des personnes vivant de leurs écritures qu’elles ne savent plus écrire. D’où ma définition personnelle :
Le syndrome de la page blanche est un petit vicieux
Et comme tous les petits vicieux, il sait appuyer là où ça fait mal et nous paralyser dans des boucles sans fin :
Si on n’arrive pas à écrire ne serait-ce qu’une phrase c’est qu’on n’a aucun talent, on est tout nul
Et en plus on n’a aucune discipline car après tout “il suffit de s’y mettre”
C’est sûrement un problème mental plus profond qui augure d’une vie ratée et misérable…
Alors.
J’ai deux bonnes nouvelles :
Premièrement, ces petites voix ont FAUX sur toute la ligne :
→ Tous les auteurs, talentueux ou moins talentueux, connaissent ce syndrome, c’est une part inhérente du métier de créatif
→ Cela n’a rien à voir avec la discipline car vous voulez vous y mettre, il n’est pas question de flemme ici
→ Le syndrome de la page blanche est le résultat d’un trop plein d’anxiétés dû à la peur de l’échec. Ce qui n’augure en rien de la qualité de votre travail une fois que vous vous serez effectivement lancé
Deuxièmement, vu que ce ne sont que des voix, il y a des astuces pour leur couper la chique et y mettre fin :
Les 7 astuces pour vaincre la page blanche
1️⃣ Préparez le terrain la veille au soir
Pour ne pas vous retrouver seul.e devant cet écran blanc, rien de mieux que d’avoir déjà quelqu’un qui vous y attend ; en l’occurence des questions auxquelles il faudra simplement répondre en début de session :
Pourquoi cette histoire/ce sujet ? Qu’est-ce qui vous stimule/plaît dedans ?
Que voulez-vous dire grâce à cette histoire/avec ce sujet ?
Ces questions réaffirment votre lien émotionnel à votre contenu.
Puis :
Qu’est-ce que votre personnage traverse à ce moment précis ?
Qu’est-ce qui peut arriver de pire à mon personnage dans la prochaine scène/séquence/acte ? (obstacle, obstacle, obstacle)
Ces questions permettent de faire la transition vers l’élément de fiction/votre sujet et son propre moteur.
Ces petits rails “scolaires” permettent de lancer la machine d’écriture, de se sentir guidé et de préciser ses intentions pour la session à venir.
2️⃣ Se créer une routine d’écriture
“I only write when I am inspired. Fortunately I am inspired at 9 o’clock every morning.”—William Faulkner
Une des erreurs que l’on fait quand on souffre de ce blocage, c’est de penser que c’est un problème d’inspiration, et donc d’attendre la Muse... Sauf que :
L’inspiration ne vient jamais d’elle-même, elle est toujours sollicitée.
Tout comme la mémoire musculaire permet aux athlètes de réaliser des mouvements sans y penser, l'objectif ici est de cultiver une mémoire musculaire mentale, en faisant de l'écriture un passage obligé de votre quotidien.
Si tous les jours de la semaine vous savez que vous avez une plage d’écriture de 9h à 11h, alors votre cerveau s’habituera à être mobilisé et efficace à ce moment de la journée. Et peut-être que votre Muse pointera le bout de son nez.
Conseil bonus : pour commencer, ne consacrez pas des plages de 2 heures ou plus à l'écriture, commencez par des durées plus gérables, comme 20 minutes, voire même 5 minutes. Il est fort probable que si vous parvenez à tenir ces 5 ou 20 minutes, vous ne souhaiterez plus vous arrêter.
Conseil bonus bis : l’idée ici est de trouver votre régularité à vous. Elle n’a pas forcément à être quotidienne, elle peut être un jour sur deux, une fois par semaine, etc. Pas de pression si écrire tous les jours ne vous sied pas, l’essentiel c’est d’être régulier !
3️⃣ Se secouer les idées : aller marcher ou faire de l’exercice
“Το περπάτημα είναι το καλύτερο φάρμακο για τον άνθρωπο”—Homère
“Marcher ça fait du bien”— Mon père
Nos cerveaux sont des grands timides qui préfèrent parfois travailler dans leurs coins sans être scrutés. Rien de mieux que de lui donner quelque chose d’autre à faire pour lui enlever un peu de pression, et de le fatiguer pour qu’il voit les choses différemment.
Faire de l'exercice libère de la dopamine, de l’endorphine et de la sérotonine, des substances chimiques qui boostent la créativité. De quoi faire deux-en-un ! Et pas besoin de s’imposer un entraînement olympique : une balade tranquille ou quelques exercices légers suffisent.
4️⃣ Ecrire sur ce qui vous bloque ou sur autre chose
“Writing about writer’s block is better than not writing at all.”—Charles Bukowski
L'idée ici est de prendre ses distances par rapport aux enjeux de votre projet d'écriture, pour permettre au flux naturel de vos pensées et de vos mots de reprendre. La fameuse page blanche qui transforme votre écriture en un "problème" n'est en réalité qu'une barrière à surmonter. L'astuce consiste donc à vous éloigner de cet enjeu spécifique et à remettre votre cerveau en mode "jeu".
Vous pouvez écrire sur à quel point c’est difficile d’écrire, sur ce qui vous bloque dans ce projet, mais aussi sur totalement autre chose, sur votre chat, ou sur ce jour en CM1 où vous aviez mal fermé la porte des toilettes. Mais juste l’acte d’écrire en lui-même peut aider à surmonter le blocage.
5️⃣ Déconstruire en petites étapes
“The secret of getting ahead is getting started. The secret of getting started is breaking your complex overwhelming tasks into small manageable tasks, and then starting on the first one.”—Mark Twain
Maintenant que les mots recommencent à couler, il est temps de revenir à votre projet d'écriture, mais avec une approche différente.
Au lieu de contempler la montagne dans son ensemble, considérez qu'il est possible d'atteindre les 100 prochains mètres. Une fois que vous y êtes parvenu, envisagez les 100 mètres suivants. Avancez étape par étape, pas à pas.
N'importe quelle tâche d'écriture, que ce soit un scénario, une bible de série, un article ou un livre, peut être décomposée en plusieurs étapes comme :
faire des recherches
faire le plan / l’outline
écrire le concept de votre série / les grands mouvements de votre narration
écrire les portraits des personnages
écrire l'introduction / la conclusion
rédiger chaque paragraphe ou chapitre séparément
Ordonnez les étapes dans l’ordre qui vous sied et travaillez sur chaque étape une à une pour vous sentir moins débordé.
PS : dans les prochains numéros je proposerai des guides pour s’atteler à chacune de ces étapes avec méthode.
6️⃣ Apprendre à apprécier votre premier brouillon, autrement appelé le “brouillon vomi”
“I haven’t had writer’s block. I think it’s because my process involves writing very badly.” – Jennifer Egan
Nous sommes au point 6, il est temps qu’on se parle vrai. Le “syndrome de la page blanche” pourrait avoir un autre nom : l’émétophobie. Et c’est bien naturel : on ne veut pas être confronté à son brouillon vomi. Car oui, votre premier jet ne sera pas bon, pas bon du tout. Et ça tombe bien, ce n’est pas sa fonction d’être “bon”, “pertinent”, même “lisible”.
La seule fonction du premier jet est d’exister.
On dit que le perfectionnisme tue la créativité, donc :
assumez, quitte à écrire “Brouillon Vomi” ou “Texte merdique que j’aime” en haut du document
ne vous regardez pas écrire : le but de cette phase est juste de vous délester et de produire une matière sur laquelle vous allez pouvoir travailler
n’enclenchez surtout pas votre cerveau de relecture/de critique, ce sera pour la phase d’après.
Ce n’est qu’une fois que vous aurez cette matière brute que le jeu pourra commencer ; faites-la donc sortir !
7️⃣ Arrêtez-vous avant d’être à sec !
“The best way is always to stop when you are going good and when you know what will happen next. If you do that every day … you will never be stuck.” – Ernest Hemingway
Ça y est, les anxiétés du matin ne sont qu’un mauvais souvenir, plus rien ne vous retient… Mais il le faut. Croyez sur parole Ernest (qui en savait quelque chose sur le fait de ne jamais être à sec) : arrêtez-vous d’écrire même si la suite des évènements est très claire pour vous - surtout si la suite des évènements est très claire pour vous.
Marquez en commentaire où vous en êtes, où il faudra reprendre, faites un petit outline rapide si besoin pour fixer de bons rails, et terminez votre session. De cette manière, vous aurez en partie préparé le terrain pour le lendemain.
L’astuce la plus importante
Soyez indulgent avec vous-même, car après tout, pour qu’il y ait une bataille, il faut que les deux camps s’engagent de la même manière ; pour qu’il y ait une friction, il faut qu’il y ait une résistance ; pour que la bave du crapaud atteigne la blanche colombe, il faut qu’elle aille le chercher dans le marais.
Le plus important est d’accepter ce blocage, qui est tout à fait normal et naturel chez les créateur.ices de contenu. Bonne nouvelle, vous n’êtes pas une machine !
Donc la prochaine fois que vous voyez ce petit vicieux s’agiter, levez les yeux au ciel, tournez lui le dos avec panache, rappelez-vous ces astuces si besoin, et faites confiance au processus créatif.
✌🏼
Ps : l’écriture de ce numéro n’a pas échappé à la règle, j’ai failli tout arrêter au premier jet
Ps 2 : je n’ai évidemment jamais lu les auteur.ices dont je pique les citations
Cette semaine dans la boîte à inspiration et recommandation, nous avons :
💥 Cette mamie incroyable de 83 ans, sprinteuse pour l’équipe de France, qui court le 100 mètres en seulement 12 secondes de plus qu’Usain Bolt
📚 La saga littéraire en 3 tomes de Françoise Chandernagor sur la fille de Cléopâtre, qui raconte un moment charnière de l’Antiquité à travers les yeux de l’enfant
😯 La controverse sur la composition des chaussons de Cendrillon, qui ne seraient pas “en verre” mais “de vair” (une fourrure d’écureuil gris), ce qui semble plus confortable mais moins glamour
(si le sujet vous passionne il y a cette étude de physique qui prouve qu’en plus le chausson de verre aurait explosé sous son poids lorsqu’elle court à minuit pour fuir le prince)
🕰 En ce jour il y a 353 ans, le 14 octobre 1670, Molière stressait à fond car c’était la première du Bourgeois Gentilhomme à Chambord devant Louis XIV en personne
💬 La citation de la semaine :
“Confidence is 10% hard work and 90% delusion.” —Tina Fey
Dans le prochain tchik tchak…
… On parlera de l’Idée, et de comment la rendre imparable.
À la semaine prochaine !
Pauline
Ça fait des années que ce post existe mais… c’est du pur génie. Magnifique.
Super intéressant !! Merci pour ce contenu :)