"Le Shiny Idea Syndrome" : quand on est tout le temps happé par de nouvelles idées (1/2)
# 60 - ... et que les sirènes veulent te détourner de ton projet
Hello 👋🏼
Bienvenue dans ce numéro 60 de tchik tchak !
Pour rappel, tchik tchak c’est la newsletter sur l’écriture avec des solutions & des idées. Elle s’adresse à tous ceux qui sont curieux et qui veulent écrire, professionnellement ou non, que ce soit des histoires ou des scénarios.
Avant-propos : Cette exploration sur l’endurance créative est scindée en deux parties :
"Le Shiny Idea Syndrome" : quand on est tout le temps happé par de nouvelles idées (1/2)
Travailler son endurance créative & aller au bout de son projet sans s’épuiser (2/2)
En un coup d’oeil :
Pourquoi notre cerveau adore les nouvelles idées
Trois stratégies pour gérer les nouvelles idées sans se disperser
La boîte à inspirations et recommandations
Vous bossez sur un projet. Tout roule. Une petite difficulté à résoudre peut-être. Et là, PAF : une nouvelle idée surgit sur une île dans le lointain.
Elle est brillante. Elle est pleine de promesses. Elle chante bien. Et surtout, elle semble bien plus fun que votre projet actuel.
Vous voilà face à un choix :
1️⃣ Changer de cap et accoster sur l’île. Comme tant d’autres, tu succombes aux sirènes et abandonnes ton projet en cours. Game Over.
2️⃣ Résister. Vous refusez de quitter votre navire et continuez votre voyage, sans vous laisser happer par l’illusion de cette île mirage. Pénélope/Votre projet en cours vous remercie.
Pourquoi notre cerveau adore les nouvelles idées
Au début, tout projet est rempli de promesses. Il n’a pas encore été confronté au réel de la durée et de l’écriture. Et en plus, comme notre cerveau adore la dopamine de la nouveauté, il nous murmure que cette nouvelle idée est forcément meilleure. C’est ce que lui, cerveau addict, veut : des petits shots de dopamine.
En plus, ces mirages de nouvelles idées n’apparaissent pas par hasard : ils apparaissent généralement quand votre projet actuel connait justement une phase de doute ou de difficulté.
Notre cerveau adore la dopamine de la nouveauté, mais il sous-estime la valeur de la persévérance.
Vous pensez l’attrait pour ces nouvelles idées est un symptôme de lassitude, mais c’est juste un réflexe de fuite face aux difficultés ; et de besoin de petits shots de dopamine faciles.
C’est pourquoi, à une certaine fréquence, les sirènes des nouvelles idées peuvent être dangereuses :
🎶 Elles promettent une idée plus brillante… mais oublient que votre projet actuel l’était aussi au début.
🎶 Elles vous font croire que l’inspiration est ailleurs… alors qu’elle se cache dans l’endurance.
🎶 Elles chantent la nouveauté… mais cachent des illusions :
L’illusion de la perfection → Une nouvelle idée semble toujours plus séduisante, car elle n’a pas encore affronté la réalité du travail.
L’illusion de l’avancement → En changeant de projet, on croit progresser, alors qu’on recommence à zéro (et qu’on est donc éternellement coincé dans la même phase précoce de développement).
L’illusion du "vrai projet" → L’idée qu’il existerait un projet "idéal" à côté duquel on passe est une pure invention. Rappelez-vous mon proverbe préféré : “le mieux est l’ennemi du bien”.
Résultat, on papillonne sans jamais aller au bout de rien.
Mais attention, c’est plutôt une bonne chose d’avoir plein d’idées. Il faut juste comprendre de quoi elles sont le symptômes (dopamine / fuite ou vraie idée créative).
Voyons comment éviter de tout laisser en plan sans pour autant brider son cerveau créatif.
(Perso, je n’ai jamais “trop” d’idées. Je suis un peu jalouse de ces personnes qui ont tout le temps des nouvelles idées. Autant vous dire que j’ai dû 1) comprendre en quoi c’était un problème potentiellement handicapé et 2) faire beaucoup de recherches pour ce numéro. Mais c’est aussi ça la mission de tchik tchak. Essayer de résoudre des problèmes que j’aimerais avoir)
Trois stratégies pour gérer les nouvelles idées sans se disperser
Pour ces trois stratégies, je me suis dit que j’allais prendre les arguments utilisés pour justifier qu’on veuille tout arrêter pour les sirènes des nouvelles idées :
“Oui mais sinon je vais oublier cette super nouvelle idée” (peur de l’oubli)
“Oui mais de toute façon je doute de mon projet actuel” (peur du doute)
“Oui mais cette nouvelle idée me donne plus d’énergie” (peur de gaspiller son énergie)
La peur de l’oubli : stratégies du coffre-fort à idées & de la journée des escales
Encore une fois : les idées nouvelles ne sont pas mauvaises en soi. C’est leur timing qui l’est.
Première stratégie : au lieu de tout lâcher pour une nouvelle idée, on va les stocker dans un coffre-fort (pas un vrai coffre-fort)(un coffre-fort métaphorique).
Ça peut être un petit carnet à idées ou un dossier Notion où on note ses idées sans y toucher (tout de suite).
Car oui, ce coffre-fort a une règle stricte : interdiction d’explorer une idée pendant 48h après l’avoir notée.
Bénéfice ? Calmer son cerveau, mais ne pas perdre le cap.
“D’accord mais si je ne fais qu’accumuler, je suis frustré·e car je ne peux pas jouer avec ces nouvelles idées. Et si je suis frustré·e, je cède à la tentation, c’est comme ça.”
Pas de soucis : deuxième stratégie, se prévoir une 🏝️ Journée des escales 🏝️ (se permettre une pause sans changer de cap).
L’idée est de planifier une journée spécifique par mois où tu as le droit d’explorer de nouvelles idées.
📅 Un créneau fixe dans ton agenda : "Jour de Digression" fait pour tester ses nouvelles idées, sans pression.
⏱️ Un minuteur : pas plus de 2 heures sur une idée avant de décider si elle vaut vraiment le détour.
Bénéfice ? Donner un espace aux nouvelles idées sans sacrifier ton projet principal.
La peur du doute : le test du pourquoi (suivre sa boussole intérieure)
Plus on avance dans l’écriture, plus on doute. Mais si on ne sait pas où on va, on finira par céder aux chants des sirènes.
Il faut donc se souvenir de pourquoi on a commencé son projet.
📝 Rédige une phrase-rappel de ton intention initiale et affiche-la devant ton bureau (j’en parlais déjà ici)
🫡 Quand une nouvelle idée tente de te détourner, relis cette phrase.
Bénéfice ? Se reconnecter avec ce qui nous a motivé au départ.
La peur de gaspiller de l’énergie : transformer ces nouvelles idées en carburant, pas en distractions
Et si, au lieu de fuir son projet actuel, les nouvelles idées pouvaient l’enrichir ?
L’idée est donc de voir si cette idée peut enrichir et être intégrée dans son projet actuel :
💫 Fusionner l’idée avec ton projet en cours au lieu de l’abandonner.
👉🏻 Si elle ne rentre pas, la stocker dans ton coffre-fort à idées.
Bénéfice ? Avancer sans repartir de zéro.
🎯 Récapitulatif des stratégies pour éviter les sirènes :
✅ Le Coffre-Fort à Idées → noter sans céder.
✅ La Journée des Escales → digresser sans se perdre.
✅ La Boussole du Créateur → garder le cap.
✅ Recycler les Sirènes → intégrer sans abandonner.
Ok, vous avez évité les sirènes et gardé le cap.
Mais comment tenir sur la durée sur ton projet sans s’épuiser ? C’est ce qu’on verra dans la deuxième partie de cette exploration sur l’Endurance Créative.
✌🏻
Test : souffres-tu du "Shiny Idea Syndrome" ?
J’ai essayé de créer un petit quiz pour vous aider à déterminer votre profil face aux nouvelles idées. J’espère qu’il fonctionne, partagez vos résultats en commentaires !
(Moi je suis une endurante créative) (mais comme je l’ai dit en note de bas de page, c’est plutôt du côté “avoir des idées” que je galère donc rien de surprenant)
Cette semaine dans la boîte à inspirations et recommandations, nous avons :
🕰 En ce jour il y a 71 ans, le 15 février 1954, naissait Matt Groening, le créateur des Simpsons et Futurama. J’en profite pour vous remettre la série d’articles que j’ai faites pour la Revue de la Cité européenne des scénaristes sur les regards qu’ont porté les cartoonistes sur les différents mandats des présidents américains.
💬 La citation de la semaine :
“Que dans le navire ils te lient les pieds et les mains debout sur l'emplanture, en t'y attachant avec des cordes, et tu pourras goûter la joie d'entendre les Sirènes. Sinon, lis ce numéro de tchik tchak.” - Circé à Ulysse
Remise en lumière de la semaine
Dans le prochain tchik tchak…
On parlera d’endurance créative ; maintenant que tu es fixé sur un projet, on va voir comment tenir sur la durée.
À la semaine prochaine !
Pauline
Un créatif distrait... Ça me ressemble bien 😅
Le fait de papillonner est tellement symptomatique de ma façon de développer mes projets. Et du coup nait en moi une forme de "stress" ou de frustration de n'a pas avancer et de ne rien voir naître concrètement.
Encore merci pour cet article ! Et très hâte de lire le prochain.
Le créatif dispersais que je suis selon ton test :) se sens rebooster avec cette édition :)
Tout remettre à plat, chercher parmi les différents drive, notion et autre obsidian les idées qui ont pu fleurir et tout concentrer en un endroit et surtout en faire un coffre fort :)