Pourquoi les problèmes sont positifs (en fiction)
# 4 - ... ou pourquoi voir des personnages galérer nous fait du bien
Hello 👋🏼
Bienvenue dans ce numéro 4 de tchik tchak !
Pour rappel, tchik tchak c’est la newsletter sur l’écriture avec des solutions & des idées. Elle s’adresse à tous ceux qui veulent écrire, professionnellement ou non, que ce soit des histoires, des articles ou des scénarios.
Allez, plongeons dans les tréfonds de nos âmes 👇🏼
En un coup d’oeil :
La fiction au secours de notre psyché
Les bienfaits de la représentation de problèmes en fiction
La boîte à inspiration avec une plongée chez les cyber-masculinistes & des poils de chat
“La vie n'est qu'une succession de problèmes à résoudre, les uns après les autres, jusqu'à la fin” - Violet Crawley dans Downtown Abbey
Violet Crawley, le personnage joué par Maggie Smith dans la série anglaise, avait bien posé les termes, comme disait Caracalla. Du plus petit au plus gros, on enchaîne les problèmes. On croit qu’on a passé un col et hop, il y a une autre montagne derrière. Et autant je trouve que les montagnes en randonnée c’est super, mais alors les montagnes de problèmes merci bien.
On peut alors se poser la question : pourquoi est-ce que les auteur·ices choisissent de passer leurs temps à (se) créer des problèmes supplémentaires dans leurs mondes de fiction, qu’ils se doivent de résoudre en plus de ceux de la “vraie” vie ?
Folie ? Masochisme ? Appel à l’aide ? Non.
Nécessité.
La fiction au secours de notre psyché
Depuis la nuit des temps (mais j’y pense, si on veut dire depuis le tout début du toujours avec cette formule, pourquoi ne dit-on pas plutôt “depuis l’aube des temps” ou “depuis le petit matin des temps” ? La nuit c’est plutôt la fin, non ? Oh tais-toi petite psyché), notre psyché humaine, donc, a du pain sur la planche :
comprendre son fonctionnement interne de psyché sautillante et rarement satisfaite
appréhender le monde qui l’entoure et toutes les autres petites psychés sautillantes et rarement satisfaites qui le constituent
gérer les évènements terribles extérieurs qui bouleversent tout
Nous conviendrons que ça fait beaucoup de mouvements à saisir et à modéliser pour une seule personne… Et c’est là que la fiction arrive avec sa petite boîte à outils.
La fiction nous permet de sortir de notre existence pour se plonger dans d’autres vécus, nous permettant ainsi de nous décentrer de nos problèmes.
Se décentrer de nos problèmes, c’est la première étape nécessaire pour pouvoir envisager un autre point de vue.
C’est prendre le recul nécessaire pour analyser, modéliser, comprendre, et donc trouver des solutions pour pouvoir s’en sortir.
Ou comme qui dirait par chez moi : "Ce n'est qu'en quittant la ferme que l'on peut voir la taille du tas de fumier."
Les bienfaits de la représentation de problèmes
La représentation de problèmes en fiction est donc essentielle pour la psyché humaine car elle nous offre :
💭 Des pistes d’introspection et d’inspiration : elle nous aide à mieux comprendre nos propres problèmes et à trouver des solutions, en miroir du parcours (souvent vainqueur) du protagoniste.
🤯 Une soupape psychologique & cathartique libératrice : elle nous permet de vivre par procuration des émotions fortes de manière sécurisée, de nous débarrasser de nos émotions refoulées et de retrouver un équilibre émotionnel.
Un petit gars du nom d’Aristote a parlé pour la première fois de ce concept il y a plus de 2300 ans, autant dire qu’on a peu évolué depuis.
🙏🏼 Une plus forte capacité d’attachement et d’empathie : elle nous permet de nous identifier aux personnages (et donc à l’Autre) car on reconnaît ce qu’ils traversent.
À lire cette étude de Martijn Veltkamp & P. Matthijs Bal sur les liens entre lecture de fiction et développement de l’empathie.
🍿 Un objet de divertissement : elle rajoute du suspens et de l’excitation le temps de voir comment le protagoniste va résoudre son problème, toujours dans un cadre sécurisant pour le lecteur/spectateur.
🧭 Un étalonnage de notre boussole morale : elle sert d’amplificateur de notre réalité et nous aide à affiner notre sens du bien et du mal.
À ce sujet il y a ce podcast de France Culture : “La fiction peut-elle nous aider à résoudre des dilemmes moraux ?"
Sans compter le fait que quand on plonge dans une oeuvre de fiction, on se crée effectivement une bulle où nos problèmes restent à l’extérieur - pour un temps.
L’antidote à nos problèmes réels réside donc (en partie) dans la consommation de problèmes fictionnels ; antidote servie sur un plateau par les auteur·ices qui se font l’écho des problèmes du monde à travers leurs histoires.
✌🏼
Cette semaine dans la boîte à inspiration et recommandation, nous avons :
💥 Des scientifiques de l'Université de Leicester ont créé une méthode insolite pour traquer les criminels grâce aux poils de chat. Car même si un cambrioleur fait tout pour ne pas laisser son ADN, on sait qu’il ne pourra repartir d’une maison à chat sans quelques petits souvenirs sur ses vêtements
😯 En cette semaine d’Halloween et de fête des morts, cet article sur les raisons psychologiques expliquant notre attrait pour les films d'horreur et les maisons hantées
📚 L’enquête passionnante de la journaliste Pauline Ferrari sur l’essor des cyber-masculinistes et ceux qui tirent les ficelles, Formés à la haine des femmes - Comment les masculinistes infiltrent les réseaux sociaux aux éditions JC Lattès (si vous cherchez des idées pour vos antagonistes foncez le lire)
🕰 Le 4 novembre 1922 il y a un gars en Alabama qui a décidé de sauter en parachute depuis un avion en vol, mais avec une petite différence : il a attaché un parapluie à son dos au lieu d'un parachute. Du coup il est tombé. Moralité : ne vous rajoutez pas des problèmes inutiles non plus.
💬 la citation de la semaine :
“Life is hard. After all, it kills you.” —Katharine Hepburn
Dans le prochain tchik tchak…
… On fera la liste des 8 grands archétypes de problèmes pour bien embêter votre personnage (maintenant qu’on sait pourquoi c’est si important pour notre bien-être).
Et pour rattraper les anciens numéros c’est 👉🏻 par ici 👈🏻
À la semaine prochaine !
Pauline
Encore beaucoup de bon sens et de bons conseils ! Merci Pauline !