Apporter de la légèreté dans un monde de noirceur
# 33 - ... ou comment détendre l'atmosphère sans que ce soit hors-sol
Hello 👋🏼
Bienvenue dans ce numéro 33 de tchik tchak !
Pour rappel, tchik tchak c’est la newsletter sur l’écriture avec des solutions & des idées. Elle s’adresse à tous ceux qui sont curieux et qui veulent écrire, professionnellement ou non, que ce soit des histoires ou des scénarios.
En un coup d’oeil :
Une question de rythme et de contraste
3 Techniques pour apporter des soupapes de légèreté
La boîte à inspiration avec un Ministère de l’Imagination et une loutre surfeuse
L’autre jour, je prenais un café avec un de mes amis scénaristes. Au détour de notre conversation je lui demande s’il n’a pas une question qu’il se pose et qui pourrait avoir sa place dans tchik tchak. Le thème du jour est sa question :
Comment apporter de la douceur, de la légèreté dans un monde de noirceur ?
Même si vous conviendrez que le sujet tombe particulièrement à pic compte tenu de la saucisse dans laquelle nous vivons, je vous promets que je n’y ferais pas référence. (Même si cette séquence illustrerait par-fai-te-ment ce sujet).
Revenons à nos moutons.
Je n’ai jamais écrit de textes très “sombres”, du coup c’est vrai que je ne m’étais jamais vraiment posé la question. Et d’ailleurs, est-ce vraiment nécessaire d’apporter des touches de légèreté dans un univers résolument “sombre” ? Et la réponse est : oui (évidemment vu que mon ami est brillant).
Même dans les récits les plus sombres, ces moments sont essentiels, pour plusieurs raisons :
Ils créent un équilibre et rendent l’histoire plus dynamique ;
Ils permettent aux lecteur·ices de se reconnecter émotionnellement aux personnages…
… Ce qui leur permet de résonner d’autant plus avec les moments les plus sombres de l’histoire.
Et c’est vrai que maintenant se pose la question : comment amener de manière organique des éléments qui seront par essence antinomiques à l’univers que l’on a créé ?
En prenant mon carnet, mon stylo et faisant plein de ronds et de flèches, j’ai trouvé 3 techniques que je vous propose ci-dessous 👇🏼
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3 Techniques pour apporter des soupapes de légèreté
La première est la plus simple :
Avoir un personnage rigolo
Même si votre univers, votre thématique et votre histoire de manière générale ne prêtent pas à la plaisanterie, vous pouvez quand même créer un personnage ayant un sens de l’humour.
Game of Thrones n’est pas particulièrement une comédie, mais Tyrion Lannister utilise les mêmes ressorts que Chandler Bing dans Friends :
Le sarcasme et l’ironie dans ses propos ;
Une auto-dérision révélant ses failles personnelles ;
Un pseudo détachement des évènements qui l’entourent.
L’astuce ici est de ne pas écrire un personnage drôle posé comme ça, qui vient faire ses blagues de manière complètement déconnectée de l’univers comme si c’était une soirée ouverte dans un Comedy club :
C’est justement parce qu’il est un produit de cet univers qu’il a développé son sens de l’humour, pour s’en protéger.
Si on reprend l’exemple de Tyrion, c’est justement à cause de son handicap personnel et de l’environnement hostile qui l’entoure qu’il a développé cet humour si cynique : c’est à la fois son arme et son bouclier.
Créer des scènes de répit
Ensuite vient le moment de respiration par essence qui nous permet de reconnecter émotionnellement avec le personnage.
Point bonus si vous écrivez des moments d’autant plus chaleureux, simples et normaux, qu’ils contrastent avec ce que le personnage traverse le reste du récit.
C’est par exemple ce que fait The Last of Us, monde plutôt très sombre, sauf si on est un zombie. Je pense notamment à deux scènes dans lesquelles Joel & Ellie (nos protagonistes) peuvent souffler un peu :
La scène de la girafe : après une séquence d’action bien tendue, Joel & Ellie tombent sur un groupe de girafes dans une ville en ruines1, ce qui offre une pause émotionnelle bienvenue.
La scène du feu de camp : dans cette scène, Joel & Ellie papotent de tout, de rien, discutent de leurs vies passées, de leurs rêves et de leurs peurs. Ce moment de répit nous permet en plus de donner une profondeur aux personnages, en humanisant leurs parcours, en voyant le réel impact qu’a cette situation horrrrrrible sur elleux, et également en développant leur relation. C’est du 3-en-1.
Encore une fois, ces scènes ne sont pas posées là comme ça ; elles participent pleinement de cet univers :
Le contraste qu’elles offrent avec les autres scènes renforce la noirceur de ce que les personnages traversent ;
Elles sont cruciales pour le développement de la relation entre les deux personnages. Les personnages ne sont pas seulement dans une course-poursuite sans fin pour sauver leurs peaux ; ils ont aussi des émotions, des besoins, des désirs et des ressentis - différents de l’un de l’autre, ce qui offrent de belles scènes de discussion, ce qui…
… Renforce le thème de l’histoire : même dans un monde post-apocalyptique, l’humanité persiste.
Si cette notion de thème ne vous est pas familière, je vous renvoie vers l’exploration en quatre parties qu’on a faite :
Ajouter des éléments d’absurdes et de surprise
Enfin, le dernier moyen que je vois pour apporter de manière fugace une petite légèreté, c’est d’utiliser l’absurde et surprendre votre audience.
Dans The Witch, film d’horreur dans une famille puritaine, on soupçonne une chèvre d’être possédée, ce qui crée une sacrée tension dans la maisonnée. Et il faut dire que c’est à la fois terrifiant - et complètement absurde ;
Dans Twister, il y a évidemment la vache volante en plein milieu d’une tornade super violente. J’aime me dire que c’est la même vache qui passe et repasse, c’est encore plus absurde :
Gardez en tête que ces éléments absurdes doivent avoir une certaine logique dans l’univers de votre histoire (exemple : une vache ne vole pas, sauf dans une tornade).
Si vous voyez d’autres techniques, n’hésitez pas à les glisser en commentaires !
✌🏼
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Ou alors le partager autour de vous, ça m’aide beaucoup également. Merci !
Cette semaine dans la boîte à inspirations et recommandations, nous avons :
🗞 La Revue de la Cité est de retour pour son troisième cycle ! Cette fois je vous emmène pour une plongée en trois épisodes dans le Cinéma d’animation en Afrique.
Pour ce deuxième épisode, je vous propose un petit panorama des thèmes et histoires dont s’emparent les scénaristes d’animation du continent. Bonne lecture !
💥 J’ai découvert ce Manifeste du Ministère de l’Imagination de Rob Hopkins qui compile toutes les lois dont nous aurions besoin pour un monde meilleur.
😯 Elle est de retour. Après avoir terrorisé les côtes californiennes l’été dernier et donné naissance à un loutron à l’automne, la loutre chipeuse de planches de surf a de nouveau fait parler d’elle. Les autorités conseillent aux surfeurs de se tenir à carreau.
🕰 En ce jour il y a 391 ans, le 22 juin 1633, on était en plein obscurantisme, et l'astronome italien Galilée allait en payer les frais. Il est condamné par l'Inquisition de l'Église catholique romaine pour hérésie, car il affirmait que la Terre tournait autour du Soleil. Il faudra attendre un poil moins de 360 ans (1992) pour que Jean-Paul II reconnaisse… que l’Eglise s’était trompée.
💬 La citation de la semaine :
“A day without sunshine is like, you know, night.” - Steve Martin
Dans le prochain tchik tchak…
… on parlera de comment atteindre l’état de flow créatif.
Et pour rattraper les anciens numéros c’est 👉🏻 par ici 👈🏻
À la semaine prochaine !
Pauline
Et non ce n’est pas absurde : rappelez-vous quand les dauphins nageaient dans la Seine au moment du Covid… Après l’apocalypse, la nature reprend ses droits - par contre, pendant l’apocalypse, c’est plutôt Hidalgo & Macron qui nagent dans la Seine.
Super intéressant ! Merci Pauline pour tout ce que nous apportes (comme d'habitude)
Chandler avait un nom,????.pour la saucisse t inquiète on va la mettre dans une galette populaire et la manger......où vomir de honte.🧡💛💚💙🩵💜❤️