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Bienvenue dans ce numéro 46 de tchik tchak !
Pour rappel, tchik tchak c’est la newsletter sur l’écriture avec des solutions & des idées. Elle s’adresse à tous ceux qui sont curieux et qui veulent écrire, professionnellement ou non, que ce soit des histoires ou des scénarios.
(Si la lecture du mail ne se passe pas bien, vous pouvez le lire dans votre navigateur)
En un coup d’oeil :
La lecture comme outil d’écriture
Concrètement, comment lire pour mieux écrire ?
La boîte à inspiration avec scandale de triche de châtaigne et 30 secondes de fusillade
Aujourd’hui j’accueille de la super newsletter Aux livres, etc.
La première chose qui m’a frappée avec le travail de Julia, c’est sa capacité à décliner autant d’angles différents sur le thème de la lecture - et des angles aussi creusés qu’inventifs.
Le crédo de Julia étant de donner envie de lire, et le mien étant de donner envie d’écrire, cette collaboration était une évidence afin de vous donner envie d’écrilire et de lirécrire.
Nous avons donc mis nos cerveaux en commun pour réfléchir à la relation entre écriture et lecture, et comment l'une nourrit l'autre.
Après avoir lu l’article de Julia ci-dessous, “Lire pour mieux écrire”, vous pourrez lire dans la foulée l’article que j’ai écrit pour sa newsletter “Ecrire pour mieux lire".
Vous deviendrez ainsi une sorte de sur-homme ou sur-femme dont la vie n’est qu’une grosse boucle vertueuse d’inspiration et de création.
Bonne lecture de la spécialiste de la lecture !
« Trois règles essentielles pour bien écrire ? Lire, lire, lire. » - Marguerite Duras
C’est tout pour moi, merci et à bientôt !
Pensais-je vraiment faire honneur à cette collaboration en trois mots ? Certainement pas.
Même si tout a été dit, je vais prendre le temps de développer davantage.
Je suis fréquemment amenée à rencontrer des apprenti·es écrivain·es et je m’agace bien trop souvent (en silence, parce que je suis polie) de leur intense et manifeste envie d’écrire alors même qu’ils et elles me confient ne pas lire beaucoup en revanche. Ironique, non ?
Je ne veux pas induire qu’il faut se priver d’écrire si on lit peu. Il est absolument souhaitable que le plus grand nombre de personnes puissent avoir accès à ce mode d’expression.
L’écriture peut être un exutoire, un loisir, une manière de tuer le temps comme une autre (en tâchant de le suspendre ou de toucher à l’immortalité). Mais je fais référence ici à des personnes qui écrivent dans l’espoir d’être publiées, mises en scène ou au moins vues/lues/entendues. Ne pas avoir de culture de l’écrit peut s’avérer limitant.
On pourra toujours trouver l’exemple de génies qui sans avoir ouvert plus de trois livres pondent un texte remarquable et bouleversant. Bien sûr, les exceptions, le talent, tout ça…
Il ne faut pas avoir lu tout Proust pour écrire une ligne. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait Henri IV (ni même d’avoir été au lycée tout court) pour inventer une belle histoire. Il n’est pas question de promouvoir et d’entretenir un élitisme littéraire, mais, comme on exercerait son cerveau à une langue étrangère, de se nourrir pour travailler son écriture.
Et ça tombe bien, c’est un exercice très accessible.
Intéressons-nous donc à ce merveilleux outil qu’est la lecture !
Une pratique récurrente de la lecture permet d’identifier et d’intégrer les mécanismes qui font qu’un texte fonctionne, que des personnages nous touchent et qu’une intrigue nous bluffe. Tout cela, inconsciemment, nourrira notre écriture.
Il ne s’agit pas d’avaler du texte au kilomètre mais de prendre du recul sur ce qu’on lit.
Comprendre comment fonctionne un texte.
Connaitre le voyage du héros, les principaux schémas narratifs, la construction d’un récit rend possible deux choses fondamentales :
S’en inspirer pour produire une histoire cohérente
Jouer avec les codes pour habilement s’éloigner des schémas clichés et éculés.
Prenons l’exemple du gâteau au chocolat (c’est toujours utile de s’adresser au ventre pour parler au cerveau). C’est mieux de connaitre la recette avant de se lancer mais l’improvisation est la bienvenue pour découvrir des variantes particulièrement à son goût. Par contre, si l’on ne sait pas qu’il faut mettre de la farine, on risque de rencontrer quelques déboires. Et si l’on n’a jamais mangé de gâteau au chocolat avant d’en faire un et qu’on n’a pas la recette, on réalisera probablement une fondue au chocolat (ce qui est très bon aussi, mais plus facilement duplicable, y compris par un enfant de trois ans ou le simple effet du soleil).
Une porte d’entrée intéressante peut être de lire des nouvelles, (parce que c’est super mais aussi) plus simples à décortiquer pour comprendre les ressorts à l’œuvre. Cette forme courte incite à concentrer le récit et l’intrigue, le nombre de personnages et le nœud dramatique ; ils sont alors plus facilement identifiables pour se faire la main.
S’il est utile de lire le genre dans lequel on s’inscrit, il est toujours pertinent de s’ouvrir à différents types de récits pour jouer des codes. Écrire une romance comme un roman policier ? Pourquoi pas !
Comprendre d’où naît le style.
Le rythme, le ton juste, la valse des mots. Qu’est-ce qui nous émeut dans un texte ? Pourquoi parfois est-on ébloui quand d’autres fois on a l’impression de lire la notice d’une machine à laver ?
(Si un jour vous avez goûté un gâteau au chocolat avec une pointe de fleur de sel, vous savez de quoi je parle…)
Lire des textes de différents registres, époques et auteur·ices aide à mettre en lumière les variations de style, et de s’en imprégner pour mieux affiner sa propre voix.
Comprendre comment naissent les bons personnages.
Il y a les personnages auxquels on s’attache tout de suite, ceux qui nous énervent, celles et ceux à qui on aimerait ressembler… Quelle magie est à l’œuvre ici ? Quels ingrédients l’auteur·ice a utilisés pour faire monter la sauce ?
Identifier les points d’évolution des personnages, leur état au début et à la fin du récit permet de comprendre les mécanismes à l’œuvre et de cerner la complexité nécessaire à tout bon personnage, avec ses ambivalences qui le rendent si humain.
Comprendre d’où l’on vient.
Mode de narration, style, thèmes récurrents, traitement… tout ce qui constitue un texte a évolué au fil du temps, avec ses tendances, ses obsessions, ses intemporels et ses points de rupture. Si je n’ose pas dire indispensable, acquérir une vision de la littérature passée (les classiques) est intéressant pour savoir dans quelle histoire on s’inscrit, à partir d’où on écrit.
Sans bien sûr négliger la littérature contemporaine ; nécessaire pour connaître ses pairs, se faire une idée des goûts et intérêts du moment, s’inscrire dans un élan ou au contraire être clairement en rupture.
Au-delà de la culture générale, saisir l’époque, révéler des points d’ombre, inscrire dans le temps est le travail inhérent à celles et ceux qui écrivent.
Concrètement, comment lire pour mieux écrire ?
Noter/souligner/corner les pages des passages qui vous plaisent, vous touchent ou vous étonnent le plus. Un grand big up ici à la fonction « scanner du texte » sur iPhone qui permet de créer son petit répertoire d’extraits. Un carnet remplira aussi parfaitement cette fonction.
Revenir régulièrement sur vos notes pour vous en nourrir, les analyser, trouver des points communs ou des ponts entre vos différents commentaires.
Résumer les schémas des intrigues ou la construction des romans qui vous ont plu (ou déplu).
En complément, tournez-vous vers des ouvrages d’écriture (Personnages et points de vue, Duras, Stephen King, et tant d’autres) suivez les blogs ou newsletters (ça tombe bien, je crois que vous êtes au bon endroit ☺️) qui analysent pour vous les ressorts narratifs pour faire le lien avec ce que vous lisez et approfondir certaines notions.
Exercer sa plume en rédigeant des nouvelles « à la manière de » ou des spin-offs de vos histoires préférées.
J’aime autant vous prévenir que la pratique assidue de la lecture comporte des risques.
Vous pourriez devenir addict (je vous le souhaite) ou vous retrouver intimider devant le talent d’une auteur·ice éblouissant·e.
Et là je ne connais aucun remède à ce syndrome (dont je suis probablement victime), si ce n’est celui d’essayer encore, de s’acharner, de prendre son souffle en comprenant ce qu’on aime et ce qu’on vise, de s’obstiner pour être à la hauteur.
S’il y a autant de méthodes d’écriture que d’écrivain·es, être soi-même lecteur, avoir un œil averti me parait incontournable pour écrire et se (re)lire.
Chacun a sa manière de travailler. Certains ont besoin d’inspiration, de références, d’autres de laisser infuser leur propre matière, mais, dans les deux cas, une culture de ce dans quoi l’on s’inscrit est importante et donne des clés pour son travail.
Pour se nourrir bien sûr mais aussi pour faire des ponts, identifier des influences, parler de son texte à un·e éditeur/productrice/diffuseur/tonton/nièce…
Pour conclure sur le scénario, au-delà du script, l’éclairage, le cadre, le rythme, et tant d’autres variables participent d’un bon film. Alors chers et chères scénaristes, pour bien écrire, lisez, visionnez, regardez… Gardez les yeux grands ouverts !
(Parce que clairement avec un tel programme vous n’aurez plus tellement le temps de dormir ; mais quand même… pensez à rêver aussi un peu.)
Et mangez de bons gâteaux au chocolat !
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Lire pour mieux écrire bien sûr maintenant c’est évident….
Mais écrire pour mieux lire ??
Oui oui. Oui.
Retrouvez le yang de cette collaboration et le fruit de mes réflexions ici.
Et pour vous plonger dans l’art de la lecture, abonnez-vous à la newsletter de Julia, on ne peut plus complémentaire de tchik tchak ! (On rappelle l’objectif : vivre dans une grosse boucle vertueuse d’inspiration et de création).
Cette semaine dans la boîte à inspirations et recommandations, nous avons :
🗞️ On poursuit l'histoire des adaptations littéraires au cinéma pour la Revue de la Cité européenne des scénaristes ! Dans ce troisième épisode, on voit comment les années 80 et 90 ont vu les adaptations littéraires se déplacer vers des adaptations à gros budget et le début de la création de franchises cinématographiques.
💥 On continue dans le thème de ce numéro ; si Julia vous a convaincu de tout ce que pourrait vous apporter la lecture mais vous restez bloqué et pétrifié, ne sachant pas par où commencer et comment remettre cette habitude dans votre vie ? Pas de souci, elle s’occupe de vous ici :
😯 Les championnats du monde de combats de châtaigne sont en plein scandale. Le grand gagnant a utilisé une châtaigne d’acier pour défoncer les châtaignes de ses concurrents, ce qui est formellement interdit. David Jakins a tout avoué au cours de l’enquête et s’est vu reprendre son titre, lui qui essaye pourtant de le remporter depuis 1977… Imaginez deux secondes la détermination de ce type. La frustration s’accumulant au fil des années. La folie s’emparant un peu plus de lui à chaque fois que ses 47 derniers adversaires ont explosé ses châtaignes. Et puis ce matin fatidique où il s’est dit : “Tu sais quoi David ? Cette année ça va être toi le champion. Y a plus de bien ou de mal, seulement une châtaigne bionique qui va t’apporter ce après quoi tu cours depuis des années. C’est ton moment David. Ça a assez duré.” J’espère que David sera accompagné dans ces jours sombres qui l’attendent.
🕰 En ce jour il y a 143 ans, le 26 octobre 1881, eu lieu la fusillade d’O.K. Corral dans le Far West. Considérée comme “la plus célèbre fusillade dans l'histoire de la conquête de l'Ouest”, elle a été représentée dans nombres de films... Alors qu’on parle de gars qui se tirent dessus pendant 30 secondes, et qu’on ne sait pas qui a déclenché la fusillade, et pourquoi. Ce qui illustre encore une fois ✨ l’incroyable force de pouvoir se raconter des histoires sur tout et sur rien✨
💬 La citation de la semaine :
“Lire c’est comme inspirer, et écrire c’est comme expirer" - Pam Allyn
Dans le prochain tchik tchak…
… on parlera d’un mot que j’ai mentionné 8 fois dans les 45 derniers tchik tchak mais que je n’ai jamais défini : les ENJEUX.
À la semaine prochaine !
Pauline
La lecture et l'écriture de nouvelles est en effet un exercice très efficace ! C'est vrai qu'on a moins cette tradition de la nouvelle en France, mais les auteurs anglo-saxons en écrivent beaucoup et se font souvent connaître en les publiant dans des revues littéraires.
Je ne peux commenter l’une sans l’autre. D’abord : merci pour l’échange qui rappelle que lire et écrire, c’est indissociable. Dans « Littérature et révolution » Kaoutar Harchi et Joseph Andras parlent beaucoup de leur rapport à la lecture et c’est l’une des parties les plus intéressantes. Je pense aussi à Stephen King que l’on cite souvent pour son « je lis autant que j’écris chaque jour ». On pourrait continuer longtemps à en parler :)