Comment rendre votre idée imparable

# 2 - ... ou comment définir les 7 éléments clefs de son idée

Hello 👋🏼

Bienvenue dans ce numéro 2 de tchik tchak !

Pour rappel, tchik tchak c’est la newsletter sur l’écriture avec des solutions & des idées. Elle s’adresse à tous ceux qui veulent écrire, professionnellement ou non, que ce soit des histoires, des articles ou des scénarios.

Vous m’avez envoyé plein de super retours suite au premier numéro, merci de me suivre dans ce nouveau projet ! On est désormais plus de 300 ici, bienvenue à toutes et tous.

Allez, on ouvre le bootcamp à idées, lezgo 👇🏼

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En un coup d’oeil :

• C’est quoi une idée ?

• Passer son idée au crash test : la checklist

• La boîte à inspiration avec une Nonne de Fer, des nazis et des massages

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Avant-propos : il n’est pas au courant, mais ce numéro a été écrit en collaboration avec Erik Bork et son livre The Idea. Et du coup je reprends son avant-propos : cette trame peut aider à peaufiner toutes les idées, mais elle est très spécifiquement destinée aux idées de cinéma et séries qui ont une certaine dimension “commerciale”, c’est-à-dire à être vendues sur le marché.

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Avoir une idée est dur. Avoir une bonne idée est très dur. Avoir une bonne idée auprès des professionnels relève du chemin de croix.

Comment vendre tout un monde en seulement quelques lignes à quelqu’un qui ne vit pas dans notre tête ? D’autant plus quelqu’un à qui on tente de vendre des mondes tous les jours, plusieurs fois par jour ?

Généralement, quand l’ampoule s’allume et qu’une idée de fiction vient nous titiller, on est content. Les choses sont claires pour nous. Alors on se précipite pour la pitcher… et on se retrouve face à une moue sceptique.

On vient d’envoyer notre idée en première ligne sans arme ni protection.

Mais bonne nouvelle, il existe 7 éléments essentiels pour rendre notre idée imparable.

C’est quoi une idée en fiction ?

Avoir une idée de film, de série ou de livre, c’est s’intéresser à un enjeu central ; c’est imaginer un problème qui va tomber sur un personnage, imaginer ce qu’il va traverser et ce qu’il essaie d’accomplir.

Idée = personnage qui veut quelque chose + obstacle qui l’en empêche
Idée = personnage qui a un problème

Pour que cette idée de fiction soit imparable, il faut donc que le problème auquel fait face notre personnage soit imparable, aussi bien pour lui que pour nous. Et pour cela, ce problème doit répondre à 7 caractéristiques :

• Punishing (Punitif)

• Relatable (Identifiable, dans le sens “auquel on peut s’identifier”)

• Original

• Believable (Plausible)

• Life-Altering (Bouleversant)

• Entertaining (Divertissant)

• Meaningful (Significatif)

En anglais l’acronyme fait P.R.O.B.L.E.M., ce problème doit être P.R.O.B.L.E.M., la boucle est bouclée. En français ça fait P.I.O.P.B.D.S., ce qui est beaucoup moins satisfaisant.

Voici la checklist à suivre pour rendre votre idée imparable :

votre idée après avoir lu ce numéro de tchik tchak

Passer son idée au crash test

Punitif

Le problème de mon personnage est-il suffisamment punitif ?

Quand on regarde un film ou lit un livre, on veut voir des personnages traverser des épreuves tout en espérant leur succès. Pourtant, en tant qu'auteurs, nous avons tendance à les ménager. Une bonne approche consiste à envisager toutes les pires situations, rencontres, et les pires dilemmes possibles pour le personnage, en se basant sur ses valeurs profondes, ses paradoxes, et en cherchant à le faire vaciller, douter et souffrir au maximum.

✅ Mon idée part d’un énorme problème qui prend toute l’histoire à être résolu

✅ Le souhait de mon personnage semble très dur à atteindre mais pas complètement impossible

✅ Toutes les situations que va rencontrer mon personnage vont le pousser dans ses retranchements, même s’il essaie de les résoudre activement

✅ Ses actions vont irrémédiablement le mener à d’autres complications et conflits qu’il n’avait pas imaginés

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Identifiable

Est-ce que le public peut s’identifier à ce que traverse mon personnage ?

Il est essentiel que le public puisse s'identifier au personnage principal à travers ses caractéristiques, ses objectifs ou les expériences universelles qu'il traverse. Plus le personnage est confronté à des injustices, plus il suscitera l'attachement du public. En émouvant, divertissant, fascinant, impressionnant, voire agaçant parfois, le personnage créera une connexion émotionnelle et une empathie avec l'audience.

✅ Le personnage est soit “facile” à aimer, soit il ne l’est pas, mais dans ce cas ses enjeux sont très élevés ou bien tous ses malheurs en deviennent divertissants

✅ Les problèmes extérieurs qui l’assiègent sont universellement et facilement compréhensibles (dans un prochaine numéro on parlera des 8 grands types de problèmes)

✅ Les volontés, désirs et peurs de mon personnage sont facilement identifiables

✅ Le public est en symbiose avec la finalité de l’histoire, avec ce pour quoi le héros se bat

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Original

Mon histoire apporte-elle quelque chose de nouveau ?

Chaque nouvelle histoire doit à la fois s’inscrire dans la continuité de notre tradition narrative, mais aussi apporter une part de renouveau. Autrement dit, une idée doit être identifiable dans un genre donné (action, romance, comédie, horreur, etc), tout en offrant une touche d'originalité pour susciter l'intérêt et l’inscrire dans les problématiques actuelles.

✅ Mon histoire est dans la lignée d’un genre identifiable mais propose une approche nouvelle (à travers ses personnages, situations, points de départ, twists ; elle peut même mélanger deux genres différents pour apporter de la nouveauté)

✅ La problématique centrale a une accroche immédiatement compréhensible et intrigante (ce qu’on appellerait un high-concept)

✅ Il n’y a que moi qui peut écrire cette histoire, il y a une part de “moi” dedans, un élément qui m’anime intimement

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Plausible

Le public sera-t-il captivé et convaincu par cette histoire ?

On aime découvrir l’histoire originale de personnages auxquels on peut s’identifier et qui agissent, face à un problème punitif, de manière compréhensible. Cette chaîne d’action doit être logique, plausible et centrée avant tout sur l’humanité des personnages.

Ps : Le monde dans lequel ces personnages évoluent peut en revanche être fantastique et donc peu plausible (dans notre univers en tout cas, pour le reste je n’en sais rien). Mais le plus important à garder en tête dans ce cas, c’est :

1) de donner les règles du jeu de ce monde fantastique le plus tôt (“show don’t tell”, en les montrant, en les incarnant plutôt qu’en les racontant)

2) de verrouiller comment les éléments fantastiques vont impacter nos personnages & comment ces éléments fantastiques créent des objectifs et des difficultés auxquels tout le monde peut s’identifier

✅ Les personnages sont “réels” dans leurs caractéristiques, dans leurs prises de décision, dans leurs actions (concernant leur caractérisation, il faut donc qu’ils soient comme dans la vie, à multiples facettes et contradictoires : sympathique et insupportable, rigide et vulnérable, etc.)

✅ Les motivations de chaque personnage sont claires, font sens et sont universellement/humainement compréhensibles

✅ L’accroche de mon idée doit certes être intrigante, mais on doit sentir que ça pourrait vraiment se passer (que ce soit d’un point de vue des émotions humaines suscitées ou d’une situation extérieure infligée)

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Bouleversant

Qu’est-ce que le héros a à perdre ?

Ce sont les enjeux extérieurs qui forcent le personnage à sortir de sa zone de confort, déclenchant une transformation interne forcément bouleversante (life-altering). Le cœur d’une idée réside dans la question des enjeux : "Est-ce que ce que le personnage essaie d'accomplir est suffisamment crucial ?" “Qu’a-t-il à perdre en cas d’échec ?” Si le héros risque beaucoup, cela favorise la connexion du public.

✅ Un enjeu fort et universel (on fera la liste des enjeux universels dans un prochain numéro)

✅ Tout ce qui tourne autour du personnage (son problème, son objectif, ses actions) provient du monde extérieur, pas de son monde intérieur
(Le public vient pour la promesse “divertissante”, le chemin extérieur, l’intrigue ; c’est dans un second temps qu’il est touché en plein coeur par le chemin intérieur du personnage qui apporte de la profondeur)

✅ Cet enjeu est présent tout au long de l’histoire, pas juste à la fin

✅ Les conséquences négatives d’un échec sont claires, de plus en plus importantes, et identifiables à un niveau humain très basique

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Divertissant

Est-ce que mon idée va suffisamment divertir mon public ?

Les émotions qu’on cherche à ressentir avec de la fiction sont multiples : l’amusement, la peur, la fascination, être choqué, l’excitation, l’effroi, la tendresse, l’empathie, la compassion, le sentiment d’aller de surprise en surprise ; en bref, à sortir de notre quotidien.

✅ Je sais quel genre d’émotions je veux susciter chez mon public

✅ Je suis les fondamentaux du genre choisi pour que les gens ne soient pas déçus par une promesse non tenue

✅ Il y a un souffle romanesque dans mon histoire qui leur donne l’impression de s’échapper de leur quotidien

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Significatif

De quoi est-ce que mon histoire parle vraiment ?

Le sens ou le thème profond d'une oeuvre est la grande question philosophique qui est abordée. Erik Bork estime que c’est l’élément le plus facultatif à ce stade de conception de l’idée (arguant que le thème devient clair souvent à la fin de l'écriture, après que le personnage ait traversé de nombreuses situations qui l'ont mis au défi), mais je ne suis pas forcément d’accord.

Si au moment de la création de l’idée, votre imagination vous entraine avec un personnage et son problème alors oui, identifier le thème n’est pas primordial. Mais une idée peut également se construire en partant d’une question universelle, et en travaillant le concept, les personnages et le problème selon ce thème central. Ce sont deux approches de création différentes !

✅ Les thèmes soulevés par le chemin interne de mes personnages font appel à des questions humaines universelles (“jusqu’où aller par amour ?”, “faut-il tomber dans l’illégalité quand un système est injuste ?”, etc)

✅ Le point d’arrivée de l’histoire montre qu’il y a eu une transformation chez mon personnage, ce qui rend le chemin parcouru précieux (“toutes ces galères en valaient bien la peine”)

✅ Mon histoire peut impacter positivement mon public

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Si votre idée passe le crash test de ces 7 éléments P.I.O.P.B.D.S. / P.R.O.B.L.E.M. et leurs checklists, alors bravo, vous avez une idée imparable :

Un personnage identifiable que vous punissez d’une manière plausible et originale, si bien que cette aventure le bouleverse profondément, tout en rendant l’histoire divertissante et significative pour le public.

Je ne peux évidemment pas garantir que vous signerez, mais vous n’aurez au moins pas une moue sceptique face à vous.

✌🏼

Ps : si vous voulez aller plus loin sur le sujet je vous redonne la référence : The Idea d’Erik Bork

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Cette semaine dans la boîte à inspiration et recommandation, nous avons :

💥 J’ai trouvé plus forte que la mamie de la semaine dernière : La Nonne de Fer, qui vient de terminer son 400ème triathlon à 92 ans (non je ne suis pas obsédée par les mamies qui font du sport)

📚 L’enquête passionnante du journaliste américain Simon Worall Le Faussaire de Salt Lake City, meurtres et manigances chez les Mormons aux éditions Marchialy, sur les traces d’un faussaire mormon qui a arnaqué sa communauté en falsifiant des textes « sacrés »

😯 Le dernier chasseur de nazis est dans un contre-la-montre pour choper les derniers en vie avant qu’ils ne meurent naturellement

🕰 En ce jour il y a 218 ans, le 21 octobre 1805, a eu lieu la bataille de Trafalgar, ce qui n’est pas très marrant. Je ne sais pas s’il y a un lien mais le 21 octobre c’est désormais la Journée mondiale du massage

💬 La citation de la semaine :

“Une belle idée qui n’aboutit pas vaut mieux qu’une mauvaise qui voit le jour” —Pierre Dac

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Dans le prochain tchik tchak…

… On parlera de Recréation Historique, ou comment faire croire que vous avez vécu en 1789 ou sous César.

Si vous avez aimé ce numéro n’hésitez pas à mettre un ❤️

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À la semaine prochaine !

Pauline